Venez chez wohnshop découvrir la nouvelle œuvre de l’artiste Frédéric Cordier intitulée « Flux ». Cette linogravure est disponible en noir ou en bleu.
Clin d’œil à Étienne-Jules Marey qui avait étudié, à la fin du XIXe siècle, l’écoulement de l’air autour des objets, « Flux » fait écho aux perturbations actuelles dans un contexte de pandémie et de sensibilité exacerbée à l’écologie mais aussi à l’imaginaire et la rêverie. Cette linogravure amorce un travail qui se tourne davantage vers la ville et les paysages de nuit.
Le travail de Frédéric Cordier est traversé par un imaginaire (post-)industriel qui s’attache à la restauration rapide, aux usines ou encore aux installations de forage. Contrairement aux visions romantiques du XIXe siècle de hauts fourneaux représentés comme des monstres d’acier qui faisaient violence à la nature, ses « vedute » comme il les nomme, ne suscitent pas l’effroi. Cordier traite ces scènes avec objectivité et frontalité, même si ses gravures schématisent la réalité, voire sont de pures caprices. À la manière d’un Franz Gertsch qui s’est mis à peindre à partir de photographies pour se libérer de sa sentimentalité, Cordier fait corréler les possibilités de la gravure, mais aussi de ses dessins à l’encre de chine, ses peintures sur plaques de métal perforées et ses papiers peints imprimés à celle du bitmap – soit noir ou plus rarement bleu, soit blanc. Une esthétique binaire renforcée dans ses linogravures par la composition de ses images à partir de formes géométriques ou de segments qui semblent tirés d’un logiciel de dessin vectoriel. Qu’elles soient figuratives ou abstraites, ses œuvres sont composées de motifs répétés qui fonctionnent comme des visualisations analogiques de notre culture numérique.
Dans le monde actuel des images, le sacré se situe dans le code invisible, alors que chaque visualisation sur écran n’est qu’une génération qui profane cet original absent. Cordier, qui s’inspire notamment de l’art islamique pour ses peintures sur métal, joue avec ces polarités. Son travail témoigne d’une fascination pour la production en série. Mais c’est par la pratique artisanale minutieuse à la gouge, au cutter, à la plume ou à l’aide d’autres outils qu’il cherche à mimer cette perfection standardisée. L’ajout volontaire d’erreurs ou la dissolution du motif font plus penser à des filtres ou des algorithmes appliqués sur l’image pour la désagréger qu’à une forme de subjectivité. Par son important labeur manuel, Cordier rend hommage au monde mécanisé et informatisé tout en soulignant son défaut d’âme que, justement, seule son action sur les matériaux parvient à combler.
Frédéric Cordier est un artiste canado-suisse, né à Montréal en 1985. Il vit et travaille à Lausanne (Suisse) et Montréal (Canada). Il est titulaire d’un bachelor et d’un Master en Arts visuels de l’École cantonale d’art de Lausanne (ECAL).